Comité de Vritz pour la PROTECTION de L'ENVIRONNEMENT et le DEVELOPPEMENT DURABLE

Pesticides et perturbation hormonale

Pesticides et perturbation hormonale :

Même une très faible quantité de produit chimique synthétique peut avoir un effet important. Nombre de pesticides peuvent ainsi perturber le système endocrien à faible dose

 

Les pesticides perturbateurs endocriniens peuvent agir différemment selon l'âge ou la phase de développement de l'organisme touché; l'exposition in utero est de loin la plus critique. Le signal hormonal manquant à un stade précis du développement peut perturber la formation des organes et entraîner des conséquences graves tout au long de la vie de l'organisme. Des problèmes de santé liés aux expositions à des pesticides perturbateurs endocriniens in utero peuvent être ressenties à un moment ou un autre de la naissance à l'âge adulte. Des expositions régulières même à faibles doses sur de très longues périodes à des pesticides perturbateurs endocriniens peuvent également causer des dommages importants. 

 

Les conséquences de l'exposition à des pesticides perturbateurs endocriniens peuvent être très diverses :

 

1.Des anomalies congénitales 

 

Problème de développement du fœtus et pesticides : les effets des pesticides perturbateurs endocriniens

 

Le fœtus en développement et le bébé sont extrêmement sensibles aux effets des pesticides, L'exposition du fœtus à des pesticides à certaines périodes de la grossesse peut conduire à un avortement spontané, à des retards de croissance, des handicaps à la naissance …

L'exposition du fœtus à des perturbateurs endocriniens (comme certains pesticides) est même soupçonnée de modifier  le sexe de l'enfant à naître. En effet des chercheurs se sont aperçus que la proportion de bébés mâles, par rapport à l'ensemble des nouveaux-nés, était en train de décliner doucement depuis 20 ans dans de nombreux pays industrialisés ou en voie d'industrialisation. Ces équipes de scientifiques pensent que ce changement est causé par l'exposition du foetus à toute une série de produits chimiques perturbateurs endocriniens tels que certains pesticides suspectés d'être Perturbateurs Endocriniens. Entre la 6ème et la 9ème semaine de grossesse l'embryon mâle poursuit  sa différenciation sexuelle, sous l'influence des hormones sécrétées par les gonades (glande génitale mâle). Si une substance étrangère à l'embryon vient perturber ce processus hormonal à ce stade,  la  transformation peut être arrêtée et un bébé femelle peut naître.

Ces chercheurs ont révélé d'autres problèmes telles que des malformations du pénis et des testicules à la naissance, l'augmentation de la fréquence du cancer des testicules, le déclin de la quantité et de la qualité du sperme à ces mêmes causes environnementale
s. De nombreuses autres études épidémiologiques montrent que l'exposition professionnelle ou par l'environnement des familles aux pesticides peut amener des retards de croissance, des anomalies congénitales et même des fausses couches. Ainsi une étude réalisée par Santé Canada a montré que le risque de fausse couche et de prématurité était plus grand dans les familles dans lesquelles le père avait manipulé certains pesticides. Le risque de fausse couche était 1,9 fois supérieur si le père avait manipulé des thiocarbamates, du carbaryl et d'autres pesticides. Le risque d'accouchement prématuré était  de 1,7 à 2,4 fois plus élevé si le père avait manipulé des pesticides comme l'atrazine, le glyphosate (la fameuse molécule du Round-Up) ou des pesticides organophosphorés par exemple.

Une étude de 2001 conduite en Californie montre que la mort du fœtus due à une anomalie congénitale est plus fréquente chez les mères qui vivent pendant leur grossesse dans une aire de 9 miles* carrés autour d'un endroit  où l'on a pulvérisé des pesticides. La mort du fœtus due à une anomalie congénitale est plus fréquente encore  si l'exposition de la mère aux pulvérisations de pesticides a eu lieu entre la 3ème et la 7ème semaine de grossesse.

 

 

2.Des déficits immunitaires

 

Impact des pesticides sur le système immunitaire 

 

Dans le Grand Nord canadien, la contamination des populations locales Inuits par des pesticides a des effets notables sur leur santé.

Ainsi des études ont mis en évidence que les bébés nourris au sein avaient accumulé des quantités d'organochlorés (pesticides à base de chlore) dans leur organisme, dont du DDE et de la dieldrine (deux pesticides persistants). Ces enfants  développaient  10 à 15 fois plus d'otites que les enfants du sud du Québec !  Cet exemple montre que les pesticides peuvent avoir un effet négatif sur le système immunitaire humain.

Si les épidémiologistes se sont souvent intéressés à des maladies comme le cancer, les problèmes de reproduction...en relation avec l'exposition aux pesticides, les effets destructeurs de ces substances sur le système immunitaire sont encore principalement étudiés sur des animaux de laboratoires ou des cultures de cellules (à l'exception notoire de l'ex URSS où des chercheurs ont fait des études sur les conséquences pour la santé des utilisateurs de pesticides professionnels).

Que démontrent les études de laboratoires?
Un rapport scientifique a récemment analysé et résumé les résultats de plus de 100 études expérimentales sur les conséquences de diverses familles de pesticides sur le système immunitaire. La majorité de ces études ont mis en évidence des effets immunosuppresseurs des pesticides étudiés.

Dans la littérature scientifique, l'exposition à certains pesticides à été liée chez l'homme à :

1.des cancers associés à la suppression immunitaire.

2.des réactions allergiques (dermites, asthme, anaphylaxie).

3.des réponses auto-immunes

4.la suppression de la fonction immunitaire et une plus grande sensibilité aux agents pathogènes.

 

 

3.Des problèmes de reproduction 

 

 

Problème d'infertilité : l'impact des pesticides 


 

La fertilité masculine dans les pays développés n'a cessé de décroître depuis un demi-siècle, comme le prouvent de nombreuses études. Les concentrations du sperme en spermatozoïdes diminuent régulièrement depuis 60 ans. pesticides

Des études montrent la relation entre le fait d'être exposé aux pesticides et une baisse de la fertilité masculine.

Une étude récente doit retenir notre attention. Des scientifiques de l'INSERM de Rennes et du Kremlin Bicêtre, associés à d'autres de l'hôpital Garibaldi à Rosario, en Argentine, ont étudié une population de 225 argentins issus d'une des régions agricoles les plus productives (où les pesticides sont fortement utilisés)qui avaient consulté pour problème d'infertilité entre 1995 et 1998. Les scientifiques ont cherché s'il existait une relation entre l'exposition à certains agents environnementaux (dont des pesticides)et ces situations d'infertilité. Les résultats furent publiés en 2001. Ils montrent que l'exposition aux pesticides (et à certains solvants) est associée à des concentrations en spermatozoïdes bien en dessous de la limite de la fertilité. Chez les femmes également l'exposition aux pesticides est un facteur de risque d'infertilité important. Ainsi une étude publiée en 2003 a mis en évidence dans une population de femmes ayant des problèmes d'infertilité que le facteur de risque le plus important était la préparation et l'utilisation de pesticides et particulièrement d'herbicide, le risque d'infertilité étant multiplié dans ce cas par 27 !


 

4.Le développement de certains cancers

 

Pesticides et cancers 



Comme le montrent de nombreuses études épidémiologiques, certains pesticides semblent bien faire partie de ce type de composés chimiques.

En effet, certains types de cancers augmentent particulièrement rapidement. C'est le cas du Lymphome non-Hodgkinien (LNH), du cancer du cerveau ou de la vessie, etc. qui sont souvent des cancers liés à l'exposition à des pesticides.

Ainsi la « Lymphoma Foundation of America » (Fondation Américaine contre le Lymphome ) vient de faire paraître un fascicule listant toutes les études épidémiologiques disponibles sur la relation entre lymphome (cancer des lymphocytes) et pesticides. Sur les
99 études épidémiologiques, 75 indiquent une relation positive entre l'exposition à des pesticides et l'atteinte par un lymphome.
Plus généralement nous disposons depuis une vingtaine d'années de dizaines d'études épidémiologiques menées aux USA et ailleurs qui montrent que
les utilisateurs de pesticides sont plus souvent atteints par certains cancers (estomac, prostate, vessie, cerveau, lèvres, LNH, leucémies, …) que la population générale. Les enfants d'utilisateurs, et notamment d'agriculteurs, sont également touchés.
Des études épidémiologiques existent qui démontrent maintenant également que l'exposition environnementale aux pesticides tend à augmenter le risque de développer certains cancers. Ainsi, les dérivés de l'acide chlorophénoxyacétique ont été associés avec un risque accru de LNH parmi des résidents de zones de culture du riz en Italie du nord.
Une étude écologique conduite aux USA dans une région fortement contaminée par des herbicides organochlorés et triazines montre une augmentation significative du risque de cancer du sein. Un surcroît de cancers de la thyroïde a été observé dans une population exposée à des mélanges de pesticides organochlorés contenant de fort taux d'hexachlorobenzène, etc.
Il semble que les enfants soient encore plus sensibles à ce risque que les adultes car ils sont plus exposés en proportion aux substances cancérigènes et ils sont également physiologiquement plus sensibles aux pesticides cancérigènes.
Les cancers de l'enfant les plus souvent associés dans les études avec une exposition aux pesticides sont surtout les leucémies, les tumeurs du cerveau, les sarcomes, les lymphomes et les tumeurs de Wilm (tumeur rénale).
A ce jour en Europe
92 substances actives pesticides sont classées cancérigènes possibles ou probable soit par l'UE ou l'Agence de Protection de l'Environnement des Etats Unis (US-EPA).



 

5.Des problèmes neurologiques, cognitifs et comportementeaux
Neurotoxicité chronique des pesticides 



De faibles quantités de pesticides peuvent altérer les fonctions et le développement du système nerveux, chez le fœtus, l'enfant et l'adulte.

 

Problème de perturbation du développement du système nerveux  par des pesticides :

Un groupe international de scientifiques et de médecins – qui comprenaient notamment des scientifiques d'agences gouvernementales américaines et Theo Colborn, auteur de « l'Homme en voie de disparition ? » - ont participé à un colloque sur le thème  des effets des perturbateurs endocriniens (de nombreux pesticides font partie de cete catégorie)sur le cerveau et le système nerveux central, à Erice, en Italie, en novembre 1995. ils ont déclaré : « Les substances chimiques perturbatrices du système endocrinien peuvent perturber le développement neurologique et comportemental, et par conséquent le potentiel des individus exposés in utéro…Cette perte de potentiel…peut prendre la forme d'anomalies comportementales ou physiques. Elle peut se manifester par une capacité intellectuelle réduite, une moindre adaptabilité sociale, une réactivité aux stimuli de l'environnement amoindrie,…etc. ». Le Docteur Porter explique plus en détail les mécanismes d'un telle perturbation « Au vingtième jour de sa grossesse quand le tube neural du fœtus se referme, si elle reçoit une dose de pesticides…son niveau d'hormone thyroïdienne monte ou descend, l'hormone traverse le placenta et peut altérer le développement du cerveau du fœtus de manière irréversible. »

Altération des capacités intellectuelles :

Le docteur Guillette a observé des populations d'enfant exposés à des pesticides . Elle a noté chez eux une moins bonne coordination motrice, une mémoire à trente minutes moins bonne et de moins bonnes aptitude dans l'épreuve de dessin d'une personne.

 

Le Docteur Guillette a également observé des comportements agressifs plus fréquents chez ces enfants exposés aux pesticides. En France une étude suggère des effets négatifs sur les fonctions cognitives des adultes soumis à une exposition chronique de faibles doses de pesticides employés en viticulture . D'autres études montrent que les effets neuro-cognitifs des pesticides organophosphorés sur les populations exposées professionellement sont : troubles de la mémoire , anxiété, irritabilité et dépression

Pesticides et Maladies de Parkinson et D'Alzheimer :

L'exposition à des pesticides semble également liée à un risque plus grand de développer les maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Ainsi une étude française récente montre que, chez des agriculteurs hommes utilisant des pesticides,  le risque de développer la maladie de parkinson était multiplié par 5.6 et celui de développer la maladie d'alzheimer multiplié par 2.4 par rapport à des groupes non exposés à des pesticides !

 

De nombreux pesticides sont soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens. A ce jour 48 substances actives autorisées en Europe dans des pesticides sont soupçonnées d'être des perturbateurs endocriniens et le fameux désherbant Round Up en fait partie !



 



16/03/2009
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